Thème du colloque

Dispositifs et méthodologies émergents en évaluation

L’essor des technologies de l’information et de la communication (plateformes d’e-learning, Cloud, MOOC, contenu en accès libre, intelligence artificielle, etc.), les progrès de l’édumétrie et de la psychométrie (analyse de traces numériques et Big Data, réseaux de neurones artificiels, Modèles de Réponse à l’Item, récolte automatique d’informations, etc.), le développement des sciences cognitives (neurosciences et imagerie cérébrale), l’intérêt croissant pour le pilotage des systèmes éducatifs, la mise en place de curricula basés sur les compétences et l’apparition de nouvelles modalités d’apprentissage et d’enseignement, le développement des processus de professionnalisation rendent les tâches de l’évaluation de plus en plus complexes.

Le processus de transformation concerne tous les niveaux de formation (accueil de la petite enfance, enseignement fondamental et secondaire, enseignement supérieur, formation continue, formation professionnelle, formation tout au long de la vie), mais aussi les formes mêmes que peuvent prendre ces évaluations (évaluation dans les dispositifs de formations hybrides et dans les MOOC, testing assisté par ordinateur, etc.). Cette transformation qui remet en question la place de l’évaluation dans le processus d’apprentissage pose de nouveaux problèmes éthiques. Elle induit de nouvelles pratiques et met les acteurs face à des défis et des responsabilités auxquels ils ne sont pas toujours préparés.

Le colloque s’intéressera donc aux formes émergentes (locales ou universelles) en évaluation et s’articulera autour de 4 axes principaux. Ces axes sont non-exclusifs : ils envisagent, le cas échéant, des interactions entre les différents aspects de la problématique.

  • Axe 1 : L’innovation dans les modèles et les méthodologies en évaluation
  • Axe 2 : Les pratiques et les outils en évaluation à l’ère du numérique
  • Axe 3 : Les dispositifs émergents en évaluation au service de la qualité de l’éducation et de la formation
  • Axe 4 : Evaluation et processus de professionnalisation

 

Axe 1 : L’innovation dans les modèles et les méthodologies émergentes en évaluation

L’émergence des plateformes d’e-learning (LMS), du testing (adaptatif) assisté par ordinateur, des neurosciences et de l’imagerie cérébrale mais aussi de l’intelligence artificielle a (ou va) non seulement modifié(er) le visage de l’évaluation mais aussi les modèles et méthodologies sous-jacents. Les modèles s’étoffent et se numérisent, les méthodologies se complexifient et la quantité de données récoltées lors des processus d’évaluation, parfois automatiquement et à l’insu de l’apprenant, augmente de manière exponentielle (traces numériques et Big Data). Les méthodes d’analyse traditionnelles ne suffisent plus et doivent faire appel aux derniers développements des modèles probabilistes et des réseaux de neurones artificiels pour faire face à ces nouveaux défis. Ces innovations et cette technicité posent de nouveau problèmes éthiques liés par exemple à la protection et à l’utilisation des données ou à l’appropriation des résultats de l’évaluation par les profanes.

Ce premier axe s’articulera autour des nouvelles réalités théoriques et méthodologiques émergentes en tant qu’innovations en matière d’évaluation et tentera de répondre aux questions suivantes :

  1. Quelles nouvelles possibilités les innovations en évaluation offrent-elles ?
  2. Comment les méthodes de mesure et d’évaluation se sont-elles adaptées aux changements ?
  3. Dans quelle mesure l’approfondissement ou la modification des méthodes existantes répondent-ils à cette évolution ?
  4. Quels problèmes éthiques sont soulevés par les modèles et méthodologies émergents ?
  5. Quels sont les enjeux et les implications de ces innovations pour les pratiques ?

 

Axe 2 : Les pratiques et les outils en évaluation à l’ère du numérique

A l’ère du digital, avec la démocratisation, la massification (voire l’ubérisation) de l’accès à l’éducation et à la formation, l’hétérogénéité des publics, l’évolution des pratiques d’apprentissage des étudiants et élèves issus de la culture numérique, le paysage de l’enseignement et de la formation a beaucoup évolué́ ces dernières années. Si les théories et les méthodes classiques d’évaluation sont mises au défi par l’utilisation des nouvelles technologies, d’ores et déjà les pratiques des enseignants changent, les outils évoluent et sont questionnés par cette évolution rapide. Les dispositifs hybrides de formation sous-tendus par les plateformes d’e-learning (LMS) modifient la fonction première de l’évaluation et supposent de nouvelles formes de pratiques et d’outils. Catalyseur du changement, l’usage du numérique semble agir comme un vecteur d’évolution de l’évaluation.

Ce deuxième axe sera l’occasion de présenter les différentes pratiques et outils utilisés à l'ère du numérique. Il favorisera en outre une réflexion critique sur l’intérêt à promouvoir de nouveaux paradigmes.

  1. Comment le numérique peux-t-il transformer les pratiques d’évaluation (dans leur sens, et dans leurs formes) ?
  2. Comment les enseignants et formateurs planifient-ils les activités d’évaluation et les gèrent-ils dans un contexte de formations hybrides ou entièrement à distance ?
  3. Quelle plus-value le numérique apporte-t-il à certains outils d’évaluation, comme le portfolio ?
  4. Dans quelle mesure les outils numériques peuvent-ils être intégrés dans une stratégie globale d’évaluation des apprentissages ?

 

Axe 3 : Les dispositifs émergents en évaluation au service de la qualité de l’éducation et de la formation

L’évaluation de l’éducation et de la formation n’a été considérée comme constitutive de la qualité d’un établissement que très récemment. Pour l’enseignement supérieur, son expansion est une conséquence directe des travaux d’harmonisation menés dans le cadre du Processus de Bologne en Europe. Au Maroc, elle constitue une préoccupation émergente majeure pour tous les acteurs de l’éducation.

D’une part, parce que le concept est multidimensionnel et, d’autre part, parce que l’enseignement ne dispose pas toujours d’indicateurs fiables, définir la qualité de celui-ci s’avère une opération complexe sous-tendue par des tensions idéologiques et méthodologiques. De plus, l’évaluation de la qualité des systèmes de formation nécessite de prendre en compte des critères d’ordre notamment économique (l’efficacité et l’efficience), social (l’équité) et pédagogique. Elle nécessite également une adaptation aux progrès technologiques.

Ainsi, voit-on à l’heure actuelle l’émergence de nouveaux dispositifs d’évaluation au service de la qualité de l’éducation et de la formation. Dans ce troisième axe, de tels dispositifs seront présentés et questionnés :

  1. Comment définit-on la qualité dans les milieux de l’évaluation en éducation et en formation ?
  2. Quels dispositifs émergents sont mis en place pour réguler la qualité ?
  3. Quels modèles et quelles pratiques sous-tendent ces dispositifs émergents ?
  4. Entre efficacité et équité, quelle articulation ?
  5. Entre évaluation interne et externe de la qualité, quelle articulation ou complémentarité ?

 

Axe 4 : Evaluation et processus de professionnalisation

La professionnalisation des métiers appelle, dans le monde de la formation, à se questionner sur l’accompagnement et sur l’évaluation à plusieurs niveaux : le développement de la professionnalité des individus, leur autonomie voire leur émancipation, le développement de leur style ou de leur éthos professionnel pour ne citer que ceux-ci.

L’accompagnement, de par ses formes diverses et toujours singulières, se revendique comme une modalité souple et évolutive. Cette diversité de modalités doit néanmoins garantir le maintien de conditions favorables au développement de la professionnalité des personnes et en attester. Parallèlement, les dispositifs et leurs effets doivent pouvoir être évalués, identifiés et analysés, tant pour les acteurs eux-mêmes que pour les organisations et pour la société en général.

Certaines questions se posent dès lors, comme par exemple :

  1. A quelles conditions des pratiques d’évaluation sont-elles susceptibles de contribuer au développement professionnel et à la professionnalité des personnes en formation, voire de les dynamiser ?
  2. Comment évaluer la professionnalisation des métiers, entre cadres contrôlant et intentions formatives ?
  3. Sur quels processus et outils s’appuie l’accompagnement en formation ? Comment sont-ils mobilisés et avec quels effets ?
  4. Quels critères et indicateurs de professionnalisation et de professionnalité émergentes peuvent être identifiés ?
  5. Quel besoin d’implication de la personne en formation dans l’évaluation de ses apprentissages et de sa professionnalité ?